En terme Totalien on appelle un rig la partie mobile qui contient les bureaux, les quartiers de vie, l’héliport et les outils de forage, notamment le fameux derrick. La plate forme étant une structure fixe qui contient les pipes de forages et les pompes. Ici Total utilise un « jack up rig » (plate-forme autoélévatrice). C’est apparemment l’appareil de forage en mer le plus répandu. Il est loué à une compagnie qui fournit aussi le personnel assurant le fonctionnement du rig. Pour le déplacer on le remorque avec un bateau jusqu’à la nouvelle plate-forme que l’on va utiliser. Chaque jour d’utilisation du rig coute milliers d'euros (je n’ai plus les chiffres en tête) mais apparemment ici ce n’était rien parce que nous étions sur un vieux rig.
On le dit de type cantilever c'est-à-dire que la sonde est montée sur un pont (cantilever) qui glisse sur des rails et se positionne en porte à faux en dehors de la coque, ce qui permet d’opérer sur des installations existantes.
D'aspect cela ressemble à une énorme structure flottante qui peut être très hautes pour éviter les mouvements de la houle et des coups des hautes vagues. D’ailleurs on m’a parlé de l’existence d’énormes vagues (20-30m) très rares mais très destructrices qui peuvent couper de façon très franche un tanker par exemple. A 30m elle applique une force de 100 tonnes/m², or aucun navire ni plate-forme n’a été conçus pour résister à une telle force. Reconnues scientifiquement elles feraient aujourd’hui l’étude de nombreuses recherches et pourraient expliquer les disparitions soudaines de certains navires qui n’auraient pas le temps d’envoyer de signal d’alarme et seraient directement coulés par la force de la vague.
En terme de personnels sur un puits opéré par Total nous n’étions en fait que 6 de la compagnie et en me comptant. Parmi nous, le company man principal qui est le responsable à bord, son switch pour la nuit, 2 geologues de sonde et un respo HSE (Hygiene, Securite et Environnement).
Le reste des people on board étaient soit des compagnies de service comme Baker Hugues, Geoservices, Anadrill, Baroid, … soit le personnel du rig de Noble. En tout nous devions être une centaine.
A bord on trouve les quartiers de vie, les bureaux, quelques appareils de sport, une salle télé, un self. Comme la plupart des gens sont là pour longtemps (les rotations sont toutes les 4 semaines) ils soignent la nourriture et il y a 4 repas pour que les équipes de jour comme de nuit puissent manger. Le matin de 5 à 7h, le midi de 11h à 13h le soir de 17h à 19h et la nuit de 23h à 01h. Ici avait le choix entre nourriture indienne ou normal puis au moins une viande, un légume, un féculent à chaque repas, sans compter sur le kiri à la fin du repas et dont nos chers company man raffolaient.
Au niveau des chambres, 4 lits et une salle de bain à partager avec la chambre de 4 d’à côté. Apparemment dans les nouveaux rigs le personnel est dans des chambres individuelles ou de 2, mais tout ça à un coût, or on est en pleine restriction des budgets.
Après mon arrivée le company man m’a fait faire une visite du rig et des installations, j’ai donc pu mettre mon coverall, casque, gants, lunettes et chaussure. C’est vraiment différent de voir tout ce processus in live, je comprends mieux maintenant comment tout cela marche. Et c’est vrai qu’en me replongeant dans mes poly j’ai vu que beaucoup de choses nous avaient déjà été expliqué (ou du moins est écrit dans les poly) mais j’en avais pas le moindre souvenir. De les voir concrètement me fait dire que je peux maintenant l’intégrer dans mon cerveau parce que je sais que ça peut être utile.
C’est là que tu comprends que l’enseignement à géol est plutôt pas mal mais qu’il manque sérieusement d’applications.
Sinon il m’a fallu un petit temps d’adaptation pour comprendre le langage des foreurs et tous les termes techniques en français comme en anglais.
J’ai aussi assisté les géologues dans l’opération principale : le geosteering d’un puits, à savoir la conduite du drain de forage dans les couches réservoirs, atterrir dans le bon layer et savoir y rester jusqu’à la côte finale indiquée par le planning du puits.
Puis comprendre les évènements, ceux concernant la boue de forage, ceux venant des outils de forage ou ceux d’origine est géologique.C’était très intéressant.
Enfin dernier détail il existe un système de stop-card sur le rig mis en place par le HSE, à chaque fois que quelqu’un observe une situation d’insécurité il doit intervenir et rétablir la situation puis il le déclare sur un papier prévu à cet effet. A la fin de la semaine la personne qui a signalé la plus grande situation d’insécurité est récompensée. Une carte de téléphone pour les gens de Noble et un sac pour ceux de Total. Voilà comment devant la grande participation des gens de Total à savoir juste celle des 2 company man, j’ai pu remporter un super sac Quechua de rando. Elle est pas belle la vie !
Et non je suis pas en coverall parce que j'allais prendre l'hélico pour partir.